mardi 3 juillet 2012

Délocalisation du Conseil des ministres : Une tournée gouvernementale à plusieurs sens

Initialement prévu à Kaolack, le premier Conseil des ministres décentralisé a finalement été tenu jeudi à Saint-Louis, ville aux 353 ans. Tandis que d’aucuns s’interrogent sur le sens d’un tel déplacement, l’ancienne capitale du Sénégal, elle, a étalé son chapelet de revendications liées au tourisme et à la pêche, entre autres. 

Plus la gouvernance est proche, plus elle est efficace. C’est cette assertion qui motive la décision de délocaliser le Conseil des ministres d’abord à Saint-Louis, fait inédit dans l’histoire politique du Sénégal. En effet, déjà le ministre de la Justice, Aminata Touré, affirmait hier au journal télévisé de 20 heures de la Rts qu’il faut « relever le caractère précurseur » de cette décision du président Macky Sall au 63e jour de sa gouvernance. 

Pour un gouvernement qui veut « être jugé sur ces actions », selon Mme Touré, il est indispensable de se rapprocher des populations en vue de mieux comprendre les difficultés auxquelles elles sont confrontées. Pour sa part, le ministre de l’Agriculture, Benoît Sambou a expliqué le sens de la délocalisation par la volonté du président Sall de mettre en œuvre le concept de « gouvernance de proximité ». Il a poursuivi en déclarant que les ministres sont à Saint-Louis, comme partout au Sénégal, dans « une phase d’imprégnation et d’écoute ». 

Souteneur de Macky Sall au second de l’élection présidentielle, Moussa Tine, secrétaire général de l’Alliance Pencoo, réagissant à cette innovation du nouveau régime, a soutenu que cette délocalisation est « campagne déguisée ». Le Sénégal s’apprête à élire 150 députés le 1er juillet prochain. « Les institutions de la République ne doivent plus être utilisées de manière partisane ou à des desseins électoralistes », a-t-il estimé dans un communiqué. Sur place, les projets à financer sont déjà ficelés. 

A la veille du Conseil, le Premier ministre, Abdoul Mbaye, qui a salué la décision du président de la République, a conduit un conseil interministériel. Ainsi, 46 projets ont été retenus pour un montant global de 306 milliards de F Cfa sur une période de trois ans, à savoir 2012-2014. Les principaux secteurs concernés sont la pêche et le tourisme. Estimé à 15 milliards de F Cfa, un projet de développement tourisque est déjà finalisé selon Abdoul Mbaye.